Résumé : S'il est
une transmigration d'importance chez le fanfaron,
c'est, peut être, le pèlerinage à la Feria. Généralement
printanière, sans rejeter le reste de l'année, plutôt
située au sud d'une ligne fictive reliant les quais
de la fontaine aux rives de Dax, une feria est avant
tout une ambiance. Une succession d'ambiances situées
en dehors de l'appétit insatiable de Chronos. |
Un jour ma boule de miel me conseilla vivement d'aller
me distraire dans une ville romaine pour une ribouldingue
hors du commun. L'allégria faisant du bien au teint,
me dis-je, je sautais sur ma trottinette jaune et me
voilà roulant en direction de Nîmes. Sur la nationale
des créatures bleues chantaient à tue tête avec les
cigales. Je fis de même.
Je gare mon bolide essoufflé aux pieds d'un amphithéâtre
où, je l'appris plus tard de la bouche d'un drôle, se
déroulait une guéguerre entre un taureau tout nu et
un saltimbanque richement vêtu et lourdement armé.
Au détour d'une ruelle je tombais sur une place nommée
"Zone Fanfare". Déroutant cet endroit envahi par une
foule bigarrée, d'un côté la montagne et de l'autre
la mer.
Direction la plage où j' aidais un charmant animal
prisonnier de son souba ensablé. Pour me remercier il
me tendit sa gourde. J'en bus une goulée, ça brûlait
quelque peu :
- « C'est de l'eau de feu ? »
lui demandais -je
- « Mais non, c'est de la parcimonie
! »
Je fis quelques brasses dans une mer bleue comme un
ciel par jour de mistral évitant des nappes de mazout
à l'odeur de grenadine vers une petite île où, sous
un bananier, un bipède ibérique dormait serrant dans
ces bras une bouteille de 12°5. L'avait l'air de faire
un rêve doux. Des hommes grenouilles aux mollets poilus
dégustaient des plateaux d'huîtres terrifiées au son
d'un accordéon joué par une pie chantante.
De retour sur la plage je m'approchais d'un feu, c'était
un colis aux mitaines chiliennes s'immolant par le feu
car sa clarinette s'était enfuie. Ingrate ! Je me dirigeais
vers le bar où de jeunes romains solidement accrochés
à des grappes de gigantesques pailles plongées dans
des récipients contenant des liquides aux couleurs exotiques,
m'invitèrent à me désaltérer. C'était délicieux, un
peu sucré, j'eus l'impression fugace d'être un oiseau
de paradis butinant des fleurs. Des étoiles dansaient
dans ma tête.
Je demande au pêcheur barman vêtu, d'un ciré et de
grandes bottes, comme par jour de tempête, un collier
de poissons fraîchement pêchés autour du cou :
- « Quel est ce mélange hasardeux
? » lui demandais-je.
- « Secret d'un mythique fanfaron,
me dit-il » le sourire éclatant de malice.
Au bout du bar un skieur en combinaison argentée, armé
d'un chalumeau, mettait le feu à des verres pleins d'une
substance de couleur foncée. A la queue leu leu de petits
hommes tout de blanc vêtus, la taille ceinte de rouge
attendaient religieusement pour en déguster. Quel monde
étrange !.
Une meute de panthères interprétait une musique bien
cadencée alors que de vilains garnements les arrosaient
avec des pistolets multicolores en visant.sous leurs
jupes. Ca les faisait rire et quelques canards s'échappèrent
! Tourneboulée j'étais !
Je gravis la montagne en compagnie d'une tyrolienne
à l'accent lozérien alors que la neige commençait à
tomber dru. Un chat farceur glissait sur une luge en
fonçant sur un indien rondouillard vêtu d'un juste au
corps de danseuse pendant qu'un lapin photographe sautillait
ça et là. Derrière un sapin, au regard coquin, un petit
moussaillon aux cheveux rouges confectionnait un poncho
tout en devisant avec un philosophe grec. Je me frottais
les yeux d'étonnement.
Des cascadeurs s'entraînaient avec un tambour sous
l'oil somnolant d'une capsule bleue. Sortant d'un igloo
un grognon au crâne rasé rêvait du Brésil pendant qu'un
torero dansait le hip hop sur la musique d'une poubelle
batave. Tiens ! Un vol de bouées accompagnant un trombone
à coulisse. Je restais perplexe ! Etait- ce toutes ces
boissons que j'avais sirotées ça et là ?
Je finis ma promenade escortée par un ruminant aux
sourcils épais qui m'offrit de délicieux beignets aux
pommes, c'était bienvenu car toutes ces émotions ça
creuse.
Dis Monsieur Fanfare yen aura encore beaucoup des moments
comme ça où on est heureux de partout ? Hein ?
Sommaire du feuilleton
|