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Du riffifi à Paname
Intermède 3 : l'intégration (code Rémy)

 
 

 

Résumé :La fanfare est un organisme vivant à croissance chaotique et à vie plus ou moins longue. Comme tout être vivant, une fanfare se caractérise par une naissance, encore appelée " acte créateur ", qui provient de la volonté d'un petit nombre de se donner en spectacle. Rapidement, ce petit nombre se rend compte que pour exister il va falloir faire appel à ce que l'on nomme l'intégration " de nouvôs ". Encore plus rapidement, ce petit nombre prend conscience qu'il faut développer une Politique d'Intégration.
L'intégration en fanfare se manifeste sous différentes formes à l'image des variétés des groupes musicaux de rue ou de bar. Chaque fanfare a ses propres critères d'acceptation des nouveaux (Nouvos pour les Bx-Arts) : niveau musical, savoir-vivre, degré d'ébriété, résistance psychologique à l'esprit de groupe. Certaines fanfares sont très fermées voire hermétiques (les membres sont définis à la naissance de la formation), d'autres fusionnent facilement entre elles, enfin d'autres sont très perméables à l'extérieur.
Une fanfare ouverte à 360 degrés est : - soit très jeune (en constitution) - soit très vieille (joue beaucoup moins que ce qu'elle ne boit) - soit peu séduisante et donc personne n'en veut ce qui lui permet de prôner l'ouverture. La fanfare la plus ouverte est donc celle qui n'existe pas puisque tout est possible (cf. la fanfare sans nom de Paris : LA vieille Mado, Manix la teigne, Ritou le filou etc.).
Les formations comprennent généralement entre 10 et 30 membres, plus et c'est l'explosion sociale, moins cela manque de volume (en décibels et en litres). A noter que les fanfares de 30 ont généralement un noyau dur (les ultras), un noyau mou (les visibles), des satellites (les extras ou invisibles). Il faut savoir que comme pour le papier toilette, si le Nouvô est trop fin il craque, s'il est trop dur il fait mal à la fanfare. Evidemment, il y a des Culs plus sensibles que d'autres, cela fait partie des critères. Dans quelques cas heureux, le nouvô s'intègre et s'ouvre au monde fabuleux de la fanfare. Le texte qui suit a été écrit par Jean-Ba, un ancien nouvô des Kadors. Il relate un week-end à Paris, au siècle dernier…

Lettre du nouveau aux absents de Paris

Ah ! quel beau voyage à Paris, nous avons fait. Si pour le Kador confirmé ce fut un week-end exceptionnel semblable à de nombreux week-end exceptionnels pour moi, l'apprenti, le petit nouveau, ce fut comme une sorte de baptême, l'eau bénite en moins. Alors pour tous ceux qui n'y étaient pas, je m'en vais vous raconter par le détail l'événement, non point pour taquiner l'absent mais plutôt comme une sorte d'offrande et de partage.


Une belle après-midi de Février donc, nous partîmes 12 de Montpellier (mais par un prompt renfort nous nous vîmes 17 dès la gare de Nîmes) dans un T.G.V., de la Société Nationale des Chemins de Fer, en direction de la capitale. La société en question ayant eu l'amabilité de nous mettre en queue de rame, nous eûmes tôt fait de transformer le fond du wagon en " bodega " roulante. Une des devises Kadoriennes est " pour voyager utile, voyager liquide ". Notre bodega improvisée fut donc remplie de Punch au Rhum Salvadorien, de Pastis, d'alcool aux Herbes de Hollande et autres spiritueux. L'humeur était à la gaieté, les vannes fusaient sec et je me sentais très fier d'être la cible principale des dites vannes, mon rite initiatique venait de commencer. Les 4 heures de voyage passèrent à 300 à l'heure mais nous eûmes tout de même le temps de répéter quelques morceaux (dont Ederlezy) à la grande joie des autres voyageurs. Enfin après un petit défilé de mode à travers le train pour rejoindre le Bar officiel Wagon 4, nous arrivâmes à Paris. Et là! à l'arrivée, le monde qui nous attendait sur le quai, j'en revenais pas. On aurait dit Johnny au Stade de France. Alors bien sur, nous jouâmes quelques morceaux et ce fut à grand peine que nous pûmes nous extraire du hall de gare, tant nous fûmes appréciés de la foule.


Mais la gloire nous attendait ailleurs et ayant laissé le gros des instruments à nos roaddies Odette et Bat, nous rejoignîmes " Les écuries du Château de Versailles " à l'aide d'un tortillard vétuste où l'absence d'eau dans les toilettes nous contraignit à boire le Pastis sec. Enfin, guidé par notre poisson pilote " Monsieur 12 " nous arrivâmes chez les Archis. Le cadre d'étude de ces pôôôvres Archis et le mode de fonctionnement de leurs écoles vaudraient à eux seuls un numéro spécial du " riffifi ", disons juste pour faire bref que l'endroit est fort plaisant et qu'il y vit plus de fanfare au mètre carré que nulle part ailleurs en France. Ce soir là, deux fanfares se trouvaient dans les lieux; " L'ami graine " une des dernières nées de l'école et " les Aargh " qui eux avaient l'air de vieux potes des Kadors (même que Vincent et Olive portaient ce soir là, la même chemise rigolote que les Aargh). J'assistais alors à de chaudes retrouvailles comprenant moultes embrassades, échanges de vannes et de potins et la distribution des journaux Kadoriens. D'ailleurs, à la vue de sa photo dans l'excellent " La Morue Camarguaise ", celui qu'on appelle Balou promis de faire un effort dans le choix de ses déguisements à l'avenir. Puis, nous fûmes conviés à nous restaurer à un buffet richement garni. Et là, ce n'est pas pour me vanter, mais je crois que je les ai tous sciés : je me suis mis à jouer dans ce lieu mythique, seul devant tous. Oh la tête des collègues ! Alors pour ne pas être de reste, tous les KadorS (même Chat) me rejoignirent et nous essayâmes notre nouveau répertoire. Ce fut un triomphe, sauf avec Ederlezy (les trompettes peut être...) ou d'aucuns usèrent du mot " chiant " pour décrire leur émotions.


Vers 10 heures, tout le monde fut convié à la " salle de Création " pour un concert de l'ami graine (des petits gars qui ont bien la pêche, y parait qu'on dirait les KadorS du début) suivi d'une leçon donnée par les Aargh. C'est là que je compris pourquoi ces derniers sont la Fanfare la plus riche de France. Ces mecs sont de vrais musiciens. D'ailleurs quand je serai président l'année prochaine, je vais installer le même système qu'eux pour les répets : une absence = 50 francs d'amende, trois absences = expulsion définitive. La dite leçon fut enregistrée par Rémy et Michoko, cela nous permettra de nous ressourcer de temps à autre. Une Goélette, réalisée par Rémy, fut offerte aux fanfares de l'école et Roger promit de l'installer " en haut du dôme " dès la semaine suivante. Ensuite, je me souviens plus très bien, mais ce n'est qu'à 5 heures du mat, après une dernière tentative d'Ederlezy (la clarinette, peut être...) que nous allâmes nous allonger dans une des salles du château, après avoir salué P'titeHélène et Roger qui avaient tenu à nous accompagner jusqu'au bout.
La nuit fut bonne et dura 6 heures, ce qui est considéré comme une longue nuit pour un week-end fanfare. Hélas, 6 heures ne furent pas assez pour permettre à Best de récupérer totalement, c'est " la tête dans le cul " et le nez on ne sait où qu'il émergea péniblement, jurant de ne plus boire d'alcool du Week-end (promesse d'ivrogne). Le petit déj à la Cafet fut royal et Rémy en profita pour laisser un petit graffito sur l'affiche officielle du " Bal d'Apollon " pour nous rappeler au bon souvenir des Fanfares d'Archi. Ensuite, c'est par un non moins vétuste R.E.R. et devant un parterre de banlieusards sidérés par un troupeau de Zèbres Africains que nous gagnâmes notre prochaine étape; un bar du 6eme département de Paris dénommé " L'assignat ".


Où l'école d'Archi mériterait un numéro spécial, l'Assignat nécessiterait une encyclopédie entière. C'est un de ces lieux magiques qui enchantent l'âme, réchauffent le coeur, justifient l'alcoolisme fanfaron et encensent le palais. Un de ces lieux qui donnent un sens à l'existence trop souvent cruelle. Avec Gérard au four, Josette au comptoir et Gaby partout ailleurs vous avez l'assurance de la satisfaction. Après un apéro que je qualifierais d'honnête, nous passâmes à table non sans avoir exécuté à 4 une paire de morceaux, histoire de maintenir la réputation. Nous mangeâmes dans la petite salle du fond, qui un steak tartare, une entrecôte au beurre ou une andouillette 3A avec de vraies frites, le tout accompagné d'un petit vin de Sommières pour entretenir l'euphorie. Nos exigences les plus folles furent ainsi comblées. Pour preuve, même Lalouche, certainement attiré par l'odeur fut des nôtres. Monsieur 12 reçu à l'occasion son cadeau d'anniversaire, un magnifique étui pour trompinette en forme de bouteille à vin (il en fut très ému), cadeau réalisé of course par la talentueuse Meg.
Vers 17 heures, nous partîmes pour une manche devant la Samaritaine. Dieu ! quel grand moment ce fut. J'ai même dû pendant une bonne partie de l'exercice assurer le rôle de souba, le bon mignard assagi étant resté coincé quelque part entre Delphine et le pont neuf. Le succès fut total, les KadorS excellent, les Aargh présents époustouflés et les passants conquis. Au passage, nous gagnâmes plus de 1900 FF (environ 285 euro), l'admiration des foules et une promesse de contrat en Italie.


Sur les coups de 19 heures, nous nous dirigeâmes vers L'assignat sauf 12 qui partit acheter un bouquet de fleur, pour l'anniversaire de Gaby, pas très loin de chez l'ami U-Chang. C'est à partir de ce moment là que nous quittâmes l'extraordinaire pour atteindre l'extase divine. L'assignat était bondé de gens, que dis-je de gens ! de fanfarons de la vieille école, tous plus motivés les uns que les autres. Monsieur 12, nous rejoignit rapidement, un tantinet éméché par quelques rhums de derrière les fagots du père U-Chang. Les fagots devaient être bien secs car 12 partit se reposer de suite dans la pièce du fond. L'agrément musical fut en début assuré par un amas de morceaux de fanfare - des Filles, des Kosmos, des Charlots et d'autres- qui s'acquittèrent fort brillamment du traditionnel " Lion ", spéciale dédicace à Gaby. Puis, les KadorS oeuvrèrent un long moment. Je ne sais pour quelle raison, Ederlezy ne fut plus exécuté, ni là, ni durant le reste du voyage.


Après, l'heure fut à l'amitié. Je crois que c'est dans ce bain de bonheur qu'eut lieu ma véritable initiation. Jusque là, je voyais les KadorS comme une bande de petits gars sympathiques et vivaces me permettant de faire la fête, mais au cours de cette nuit, je compris qu'ils étaient en fait un véhicule que la vie m'offrait pour déchirer le voile de la déesse et atteindre le grand tout. Il faut le vivre pour le comprendre, c'est quelque chose qui s'infuse en vous lentement mais délicieusement. J'ai aussi compris pourquoi il y avait cette période de transition d'une année avant l'adhésion définitive chez les KadorS: c'est pour filtrer l'indésirable, pour rejeter le fauteur de trouble, le casseur d'ambiance. De cette façon, lorsque plusieurs fanfares se retrouvent, il y a amalgame, fusion entre les groupes, amplification des émotions. Aucune fanfare ne voudrait qu'un des siens soit cause de discorde. Bien sur, il y a quelques dérapages bénins (Abordez le cas Zeff devant un parisien, vous comprendrez) ou des récidivistes (Albin l'horrible). Mais même ceux là ont leur utilité, ils servent de repère, ils nous rappellent que nous vivons un moment privilégié, un moment à préserver. En plus, un mec comme Albin, cela donne l'occasion à JC et à Vincent de se défouler 5 minutes.


Tout cela, bien sur, je ne le réalisais pas sur l'instant, la nuit n'était pas à la philosophie mais à la fête. Pour la troisième fois, les KadorS offrirent un présent, cette fois ci à Gaby, un haut-de-forme aux couleurs et visages des KadorS, oeuvre du grand Gilou. Enfin, vers 1h30, certains décidèrent que c'était l'heure d'aller manger. Pour ma part, j'avais un problème plus grave à résoudre. Si la veille, nous avions un château comme hôtel, il semblait que rien ne fut prévu pour la deuxième nuit et que chacun devait se DEMERDER. En fait, le problème se révéla moins ardu qu'à prime abord et je trouvais facilement à me loger chez l'habitante. La musique facilite le contact, c'est bien connu. Pendant ce temps, les KadorS valeureux continuèrent leur folle nuit. Voici ce que l'on me rapporta.


Sur les conseils de Nono, ils gagnèrent un resto Libanais de bonne réputation, " chez Walid ". L'arrivée s'étala sur une heure, l'inertie de fanfare oblige et les conversations Mignone-Remy-Gilles n'accélérant pas le mouvement. Tout ce petit monde, une trentaine de KadorS, de Filles et d'autres, grignota plaisamment d'excellents amuse-gueules. Mais alors que Bince et Felep attendaient le plat de résistance avec impatience, il leur fut servi une addition plutôt salée. Delphine et P'titeHélene (de vraies teignes ces nanas là) se chargèrent de rapporter le sentiment général au père Walid et au final chacun paya ce que bon lui sembla. Mignonne en profita pour acheter le fond de commerce.


Le Dimanche, nous avions tous rendez-vous à " La grosse caisse " à 14 heures. L'heure chez les KadorS étant ce qu'elle est, c'est vers 17 heures que tout le monde fut réuni. Gilou et Chat nous quittèrent pour cause professionnelle. Pour des raisons de sûreté publique, nous ne pûmes jouer avant 18 heures du soir et dans un autre bar appelé " Le gobe-lune ". L'endroit est fort plaisant avec un patron communiste repentant et deux serveuses à la langue bien pendue. Encore un succès pour les KadorS, le concert fut une réussite. L'heure du repas arriva et nous mangeâmes au Gobe-lune 3 fois plus et pour 3 fois moins cher que chez " Walid ", l'arnaqueur. Monsieur 12 fut admirable au cours du repas, digne du professeur Choron qu'il connaît d'ailleurs fort bien. A 1 heure, nous fumes invités chez Servat le charlot de Poitiers pour un cours d'histoires paillardes comparées. Je regrette de ne pas avoir eu avec moi un camescope pour ce moment d'anthologie. La nuit nous cueillit vers 4 heures du mat.


Lundi, sans Rémy parti faire son footing à Nîmes, nous retournâmes à l'Assignat pour un nouveau repas culinaire et quelques apéritifs bien sentis. L'après-midi fut aux envies de chacun, la capitale étant à leur pied. Je me souviens de la remarque de Sabine en guise de conclusion " ca a été un bon week-end, pour une fois j'ai pas eu à supporter Vincent". Les Femmes des KadorS sont aimantes mais n'en restent pas moins maitresse-femmes. Mon rite d'initiation venait de s'accomplir.

 

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